Lac Qarun: Si son histoire est incorrecte, ses trésors naturels sont réels

Nermine Khatab Mercredi 16 Septembre 2020-16:49:02 Chronique et Analyse
Lac Qarun: Si son histoire est incorrecte, ses trésors naturels sont réels
Lac Qarun: Si son histoire est incorrecte, ses trésors naturels sont réels

Le lac Qarun au gouvernorat de Fayoum est l'objet de nombreuses informations erronées. Beaucoup de personnes croient que le nom du lac fait référence au personnage de Qarun, cité dans le Saint Coran. Allah dit que le sol s'est affaissé pour engloutir Qarun, affirme M. Mahmoud Kamel, chercheur dans le domaine du tourisme au gouvernorat. « Il n'y a aucun lien entre le lac Qarun et le récit de ce personnage dans le Coran », a-t-il affirmé, ajoutant que nulle personne ne connait le pays où le sol s'est affaissé pour engloutir Qarun.  

Dans une interview accordée au journal « Al-Youm Al-Sabée », M. Kamel indique que les Arabes, au Moyen Age, lui ont donné le nom de « Krun » qui signifie endroit sinueux et non plat, alors que les Anciens Egyptiens lui donnèrent le nom de « Mer-our » qui signifie « la grande mer », vu que le niveau du lac était supérieur à son niveau actuel et que sa superficie couvrait la totalité du gouvernorat de Fayoum.‫  

Le chercheur ajoute que l'ensemble de la région de Fayoum n'était, dans l'Egypte antique, qu'un immense lac. Elle était, selon lui, appelée « Pa-yom » (lac et eau) et plus tard on lui a donné le nom de « Phiom » d'où est dérivé le nom moderne. Et d'ajouter que le gouvernorat de Fayoum était jadis une dépression naturelle et que le lac Qarun en était la région la plus basse, avec un niveau inférieur à 45 mètres par rapport au niveau de la Méditerranée.‫  

M. Kamel souligne que le Nil était, à l'époque pharaonique, lié au lac Qarun puisque ce dernier est une dépression vers laquelle convergeaient les eaux de la crue. « Qarun est l’un des plus anciens lacs naturels au monde », estime-t-il.‫  

Le chercheur révèle que la réserve de Wadi Rayan (Vallée de Rayan) à Fayoum comprenait des fossiles remontant à 45 millions d'années, notant que la réserve a témoigné de l’évolution des animaux marins qui sont devenus terrestres après des millions d'années. A cet égard, il a noté que les fossiles de requins étaient parmi les plus anciens découverts et que les requins ont vécu dans cette zone merveilleuse il y a près de 45 millions d'années. Et d'ajouter que le singe égyptien y a vécu il y a quelque 33 millions d'années, selon Al-Youm Al-Sabea.‫  

La réserve de Wadi Rayan, a-t-il repris, était une sorte de forêt où les singes se multipliaient, après l'époque des requins. La preuve en est, selon lui, la découverte d'arbres pétrifiés dans ce désert. Et de conclure que Fayoum est un site touristique qui attire les personnes qui admirent la nature.                                ‫ 

  

Source de poissons

 

Le lac Qarun est une source de poissons et un habitat pour le gibier d’eau depuis des temps immémoriaux. La principale source d'eau du lac est issue du drainage des terres agricoles. Les eaux ainsi drainées entrent dans deux canaux de drainage majeurs appelés « El-Batts » et « el-Wadi ». Cette eau est devenue de plus en plus saline à mesure que l'agriculture s'est intensifiée et l'eau est maintenant plus saline que l'eau de mer, rapporte le site egypt.travel/fr

Les poissons d'eau douce et les invertébrés ont largement disparu et des espèces marines ont été introduites. Le lac est d'une importance mondiale pour l'hibernation du gibier d'eau, dont le grèbe à cou noir, le Podiceps le nigricollis, et le canard souchet, Anas clypeata.
Vous pouvez passer une journée féconde el-Fayoum (à 1h30 de route du Caire), à visiter de nombreux sites anciens dont le petit mais excellent musée.   

  

Jardin de l'Egypte Antique 

 

Située à une centaine de kilomètres du Caire, la dépression de Fayoum, qui occupe près de 18 000 km², a toutes les apparences d’une oasis avec notamment des espaces verdoyants volés aux plaines sablonneuses du désert Libyque. Elle est liée au Nil par le Bahr Youssef (fleuve de Joseph), canal prenant sa source 400 km plus au sud.
En ancien égyptien « Mer-our », en grec « Moéris », cette grande oasis au sud-ouest du Caire, arrosée par le Bahr Youssouf, est située à environ 40m au-dessous du niveau de la mer et, par conséquent, était à l'origine un gigantesque lac. De l'ancien égyptien « pa-yom » (le lac) provient le nom Fayoum.
La rive sud du lac Qaroun, sur laquelle vient buter l’oasis de Fayoum, est actuellement une zone maraîchère approvisionnant la capitale. Elle n’était guère exploitée dans l’antiquité pharaonique.
A l'origine, vaste zone de marécages, elle possède une végétation luxuriante et une faune abondante qui en faisait une réserve de chasse particulièrement appréciée des Pharaons. Ce « jardin de l'Egypte », tel que l'appelaient les Anciens est une vaste oasis : Fruits, légumes, roses et jasmin, palmes et désert.
De nombreux vestiges de temples et de nécropoles gréco-romaines subsistent, puisque c'est ici que l'on trouva les portraits, dits de Fayoum, où, pour la première fois dans l'Histoire, on est interpelé par l'expression des visages, les traits et les regards.
Le lac Qaroun est l’un des meilleurs sites d'oiseaux en Egypte. Une variété d'oiseaux migrateurs visite le lac en hiver. Un autre site protégé est Wadi Rayan : c'est une terre humide qui regroupe plusieurs genres d'oiseaux aquatiques, selon la presse locale.  

 

Versions peu concluantes et contradictoires 

 

La plupart des écrivains classiques adoptèrent le témoignage d'HérodoteDiodore ajoute cependant à ce qui précède quelques détails complémentaires : selon lui, le roi Moeris aurait édifié son tombeau sur le terre-plein qui supportait les deux pyramides, et les statues qui couronnaient celles-ci ne seraient autre chose que le portrait de ce pharaon et celui de sa femme. Strabon (XVII, 37) n'admet que l'existence d'un immense étang naturel utilisé pour l'irrigation. Ptolémée (IV, 20 et 36) partagea aussi plus tard cette opinion. Pline nous apprend enfin, ce qui n'est pas sans intérêt, que le Moeris n'existait plus de son temps, d'après le site « cosmovisions ». 

Ces versions peu concluantes et contradictoires ont été reprises par les savants modernes qui ont, dans des directions souvent opposées, essayé de concilier les données anciennes de source égyptienne, grecque et latine, et de les interpréter en tenant compte de la configuration naturelle du pays. Jomard, dans le grand ouvrage de la commission d'Égypte, identifie le lac Moeris au Birkét-Kéroun, l'actuel lac qui occupe une dépression considérable dans une sorte de vallée circulaire formée par la chaîne libyque, à l'Ouest de Fayoum. Clot-Bey croit également que l'on tira parti d'un accident du sol et qu'on ne creusa pas ce lac, ce qui aurait exigé, selon lui, l'extraction « de plus de onze cents milliards de mètres cubes de terre ou de roche ». Cette objection avait déjà été faite par Hérodote, qui s'étonnait avec raison que l'on ne trouvât nulle part trace de déblais, à quoi les indigènes avaient répondu qu'ils avaient été portés au Nil pour y être jetés, ce qui aurait singulièrement augmenté la durée des travaux.

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